Compte-rendu de la rencontre du collectif Gardon l’Eau Saine avec le député Michel Sala

Le 3 mai dernier s'est tenu la rencontre entre le collectif Gardon L'eau Saine, créé en en février dernier suite aux révélations de la pollution aux PFAs engendrée par l'usine Solvay de Salindres, et le député Michel Sala.

 

Pouring water from pet bottle©viktorpicjumbo comEn voici les grandes lignes

Le collectif a tout d'abord exposé la situation à Monsieur le Député.

En février dernier, des articles parus dans la presse sur la pollution aux polluants éternels ou PFAs (per- et polyfluoroalkylées), déversés dans 3 cours d’eau (Arias, Avène et Gardon) par l’usine Solvay de Salindres, révélée par le rapport de Générations Futures.

Des prélèvements d’eau du robinet réalisés par cette ONG dans les communes de Boucoiran et Nozières et Moussac ont ainsi révélé un taux inquiétant de TFA (acide trifluoroacétique faisant partie de la famille des PFAs) : 18µg/l pour Moussac et 19µg/l pour Boucoiran et Nozières.

Désormais, une directive européenne fixe deux normes : 0,1 µg/l pour la somme de 20 PFAs et 0,5 µg/l pour le total des 20 PFAs. Ces normes ne seront applicables qu’en 2026 et ne prennent en compte que 20 polluants éternels sur des milliers, le TFA étant exclu de ces 20 PFAs.

 

Le 4 avril dernier, l’Assemblée nationale a voté en première lecture une loi sur l’interdiction d’utilisation des PFAs à l’exception des ustensiles de cuisine.
La commune du collectif, Saint-Théodorit, est située à 10 km de Boucoiran. L'eau potable provient d’un captage situé dans le lit majeur du Gardon à Maruejols-les-Gardons, soit en aval de la confluence des trois cours d’eau et à 7m de profondeur, profondeur insuffisante pour espérer une filtration ou une protection des couches argileuses.

 

En raison de l’augmentation de la population locale, un nouveau forage est prévu à 2,5 km en aval du forage existant, mais aucune étude ne semble en cours pour réfléchir à sa pertinence et pour peut-être envisager un lieu de forage plus propice (en amont des rejets de l’Arias et de l’Avène ?).
 

La mairie de Saint-Théodorit a été informée, tout comme la SIAEP (Syndicat Intercommunal d'Adduction d'Eau Potable) de Domessargues-Saint-Théodorit. Sans
réponse probante de leur part, des analyses d’eau du robinet à un des domiciles, grâce au financement d’une cagnotte Leetchi, ont été confiées au laboratoire Ianesco à Poitiers. Deux mois après, les résultats sont sans appel : présence de TFA à hauteur de 19µg/l (taux identique à celui de Boucoiran et Nozières).

 

Cette pollution impacte non seulement l’eau du robinet de Saint_Théodorit, mais également celle des 12 communes faisant partie du SIAEP Domessargues-Saint-Théodorit, potentiellement leurs regroupements scolaires (les enfants des villages hors du SIAEP consommant l’eau du robinet des cantines des 12 communes du SIAEP), les maraîchers, nos potagers, nos animaux (poules, donc œufs) et potentiellement les bassins versants de Saint Théodorit (l’eau de Saint-Théodorit probablement déversée dans d’autres cours d’eau proches (Courme, Vidourle ?) puisque ce type de pollution est particulièrement mobile et persistante.

La seule réponse de la mairie et du SIAEP est un communiqué reçu en mars, remis à Monsieur le Député. Dans ce communiqué, plusieurs affirmations minimisent la situation et véhiculent de mauvaises informations, notamment :


- Sur les risques sur la santé qui seraient non avérés scientifiquement selon le document : l’Allemagne a pourtant classé le TFA en tant que toxique sur la reproduction.

L’ARS Occitanie mentionne pourtant sur son site quatre effets des PFAs sur la santé :
- la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination,
- la dyslipidémie (anomalie lipidique due à du cholestérol et/ou des triglycérides élevés),
- la baisse du poids de naissance,
- l’augmentation du risque de cancer du rein.


Sur l’origine naturelle de ces polluants : un langage utilisé par les lobbyistes industriels et qui ne change rien au fait que le taux de TFA, quel que soit son origine est beaucoup trop important à Moussac, Boucoiran et Nozières et désormais à Saint-Théodorit.


- Sur le rôle économique et social de la région de Salindres, une information qui n’a pas lieu d’être dans un tel document. Le collectif déplore le manque de réaction au niveau local, la non-application du principe de précaution sur une question de santé publique et les dangers d’une communication lacunaire...

 

La prochaine étape ?

Une rencontre avec le maire, à la demande du collectif.
 

Le collectif a également questionné Monsieur le Député Sala au sujet de la loi du 4 avril, adoptée en première lecture à l’unanimité par l’Assemblée nationale notamment sur des adaptations possibles au niveau local en fonction des pollutions locales, sur le principe de pollueur-payeur et de traitement des eaux polluées.
 

Enfin, concernant les traitements possibles, le collectif lui a fait part de l’expérience du village de Rumilly en Haute-Savoie et de la décision des élus locaux d’investir dans une usine de traitement par osmose inverse, le seul traitement actuel qui serait efficace contre ce type de pollution. Le collectif compte d’ailleurs s’informer sur les traitements et tester différentes solutions à titre individuel.
 

A venir

Monsieur le Député, très attentif aux questions de santé publique et sensible au principe de pollueur-payeur, souhaite, d’une part, rencontrer prochainement le nouveau directeur de l’ARS du Gard et, d’autre part, réfléchir aux questions sur le contrôle des polluants éternels, sur les traitements envisageables et leurs répercussions financières.

 

Pour plus d'informations, la bonne adresse : Le collectif Gardon L’eau Saine (page facebook), contact : gardonleausaine@gmail.com.

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