Rencontre sucrée salée avec Petra Carter, chef de l’école de cuisine Le Pistou, à Uzès

La rédaction du blog UzEssentiel se passionne pour le terroir, vous avez dû vous en rendre compte.

Elle n’a donc pas résisté bien longtemps avant d’avoir envie de s'entretenir avec la chef Petra Carter, aux commandes de l’école de cuisine Le Pistou, à deux pas de la place Albert 1er.

 

Les cours de cuisine de Petra Carter, à Uzès

 

RENCONTRE

Bonjour Petra, ravie de découvrir Le Pistou en votre compagnie.
Vous êtes Hollandaise, avez étudié la littérature française à Paris à 16 ans, puis avez beaucoup voyagé en compagnie de votre mari avant de revenir en Europe… Ces immersions en terres étrangères ont dû fortement influencer votre façon de cuisiner n’est-ce pas ?


Bien que je sois née aux Pays-Bas, c’était compliqué d’obtenir un passeport néerlandais. Je n'ai donc qu'un seul passeport - celui de nationalité irlandaise, et je me considère irlandaise plutôt que hollandaise…

J'ai étudié à Paris pendant 3 ans à partir de l'âge de 16 ans, tout en travaillant comme jeune fille au pair (je gagnais alors 200 francs par mois et j'ai eu récemment une belle surprise du gouvernement français pour me dire que j'avais droit à 30 € par mois de retraite pour mes cotisations de cette époque. Heureusement, j'ai continué de cotiser ces 20 dernières années en France).

Ensuite, je suis partie en Tanzanie à 21 ans pour y gérer des camps de safari sous tente, au pied du mont Kilimandjaro. C’était très romantique et c'est là où j'ai rencontré mon mari, un pilote de brousse qui transportait des touristes dans mon camp.

Mon intérêt pour la cuisine est apparu dans ma jeunesse, dès l'âge de 8 ans, lorsque je faisais mes devoirs dans les cuisines indonésiennes de mes parents. Ils avaient une entreprise qui importait des ingrédients d'Extrême-Orient et les transformaient en plats délicieux et authentiques. D’où mon intérêt pour la cuisine orientale…


Vous avez travaillé pour la African Wild Life Foundation à Nairobi, conçu des jardins à Dublin, êtes devenue chef tout en collaborant à plusieurs publications comme The Irish Times, Irish Tatler, Wine Ireland, Bon Appétit et avez même lancé le SQ Food. Cela sans compter votre diplôme en art…

De retour en Irlande, j'ai élevé les deux garçons que nous avons eus avec mon mari tout en suivant une formation de chef à l’école culinaire de BallymaloePuis j’ai cuisiné dans des restaurants, ce qui n’était pas toujours facile avec une jeune famille, donc j'ai commencé à écrire sur des sujets culinaires pour de nombreuses publications, irlandaises et étrangères.

La photographie faisant partie de ce travail, cela a stimulé ma créativité artistique. J'ai donc étudié à l'école d'art à Dublin pendant six ans pour obtenir deux diplômes en Beaux-Arts.


Après avoir dirigé pendant environ 10 ans un B&B du côté de Narbonne, vous avez de nouveau décidé de faire peau neuve.

Pourquoi avoir choisi Uzès, comment êtes-vous arrivée à votre projet d’école de cuisine ?

J’ai encore voulu changer, non seulement pour voyager mais pour commencer une nouvelle expérience de vie. J'ai acheté une grande et vieille maison de village près de Narbonne où les gens pouvaient assister à mes semaines culinaires et artistiques.

Quand cela n’a plus permis de payer mes dettes, j'ai transformé cette maison en chambres d'hôtes. Nous avons rapidement attiré de nombreux clients et de bonnes critiques, mais c'était cependant loin d'être évident de faire cela toute seule. Après 10 ans, j'ai donc vendu ma maison et me suis dirigée vers Uzès. Mon intention était simplement de gérer un atelier de cuisine sans les soucis inhérents à l'hébergement. J'avais des amis ici, je savais qu'Uzès avait un « côté gourmand ». J'adorais cette belle ville médiévale aux racines romaines.

Ma décision a porté ses fruits ! J’adore ce que je fais et j'adore transmettre mon savoir.

 


Comment s’organisent vos cours de cuisine ? Combien de personnes assistent à vos cours ? Vos élèves d’un jour sont-ils de la région, en vacances, en formation éventuellement ?

Petra carter ecoleMes clients viennent du monde entier, mais aussi d'ici. Ils me trouvent sur Tripadvisor (je ne fais pas de publicité) et par la bouche à oreille.

Je propose des cours d'une journée, en anglais et en français, pour un maximum de 8 participants.

En saison, mes clients anglophones veulent surtout s'initier à la cuisine provençale et à la cuisine française classique. Mais, après le confinement, les gens d'ici m'ont demandé d’inclure d’autres cuisines et donc, depuis 3 ans, j'ai ajouté des cours sur les cuisines indienne, indonésienne, libanaise et espagnole, mes passions !

Ces cours se sont avérés très populaires en dehors de la période des vacances. Et je suis ravie d'avoir réussi à prouver aux Français qu'il n'y a pas besoin d'épices trop piquantes dans ces cuisines étrangères. Le piquant cacherait souvent les belles saveurs.

 

 

On ne fait bien que ce qu'on aime. Ni la science ni la conscience ne modèlent un grand cuisinier. (Colette)

 

 

Fait intéressant... J'ai souvent plus d'hommes que de femmes comme clients, et ils sont plus intéressés par la cuisine salée à préparer pendant leur temps libre. C’est souvent leurs mères, femmes, amies et filles qui demandent un bon cadeau pour les hommes de leur vie… Alors que, pour la plupart des femmes, c'est plutôt la pâtisserie qui prime.

 

 

La découverte d'un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d'une étoile.

(Brillat-Savarin)

 

Vous commencez en début de matinée et puis… ?


Nous commençons à 9 h 30. Nous hachons, cuisinons et remuons pendant 3 h (j'explique pendant ce temps-là les traditions locales, les ingrédients à acheter ou à éviter, les astuces, etc), puis nous nous asseyons pour profiter d'un repas détendu autour des plats que nous avons cuisinés, avec un verre ou deux de vins locaux. La journée se termine généralement à 15 h. Bien sûr les participants (s’étant fait de nouveaux amis) repartent avec toutes les recettes. Tout le reste (outils, couteaux, tabliers etc) est également fourni.

 


Vous vous concentrez sur les produits du terroir local. Quelle a été votre plus belle découverte terroir à ce jour ?

Le terroir du sud est intimement et indéniablement lié à la terre et à la mer. Et la cuisine provençale reflète son environnement autant que ses traditions et son histoire. Tous nos menus, nos marchés et nos habitants suivent le rythme des saisons, bien plus que dans d'autres pays. Les visiteurs non seulement le remarquent, mais le considèrent comme le moyen idéal de vivre…

En plus, nos produits gorgés de soleil éclatent de saveurs et de couleurs. Je ne vois pas de meilleur endroit pour être inspiré, tant pour cuisiner que pour manger. Et vous ? Comment quelqu'un pourrait-il résister à tout cela ?


Avez-vous un plat emblématique voire... des plats ?

Bien trop nombreux pour les mentionner. La variété est, après tout, le piment de la vie !

 

Vifs remerciements à Petra Carter pour sa collaboration à cet article et visuels transmis.

Retrouvez dans la rubrique Recette les Tomates provençales de Petra Carter.

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