Philippe Vasseur, l'art des contrastes

Riad, Au grand café, Médina

Tout d'abord, c'est une carrière d’illustrateur, commencée avec enthousiasme chez Gallimard après une solide formation aux Beaux-Arts de Paris puis à l’Académie de dessin de Londres, qui signe les premiers pas d'artiste reconnu de Philippe Vasseur.

Vient ensuite une notable collaboration avec le célèbre magazine Métal hurlant, alors sous la houlette de Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre. Ce partenariat agit alors comme un liant avec sa future carrière de peintre, et lui ouvre peu à peu les portes des galeries de la capitale.

Le chemin de la jeunesse dure toute la vie (Picasso)

Il pose son chevalet alors pendant environ 2 ans en extérieur à l'instar des impressionnistes normands qu’il a appris à apprécier aux détours des musées de Trouville où il passe sa jeunesse, de Honfleur ou du Havre. Mais il y a aussi la copie des maîtres, tels Cézanne, Picasso, Van Gogh dont le savant mélange de dessin, de peinture et de contrastes, l'inspire.

Le résultat objectif de l'appareil photo annihile la vision subjective de l'artiste, ce qui fait sa singularité.

Ce n’est pas le cas de la peinture.

Plus on avance dans son travail de peinture, plus on avance vers sa propre vision de la création,

et plus on est tenté de remettre en question son art (Philippe Vasseur)

La lumière devient un élément indissociable de ses toiles, même lorsqu'il préfère se retirer dans son atelier en intérieur : croquis, esquisses mènent aux peintures qui s'exposent de la côte normande à Paris, comme c'est le cas à Londres pendant 10 ans, aux Etats-Unis pendant plus de 12 ans, sans oublier le Japon et la galerie Claudine Legrand, 49 rue de Seine, dans le 6e arrondissement de Paris.

A Uzès, c'est la Galerie de l’Uzège qui présente l'artiste, depuis son ouverture, rue de la Pélisserie.

La grève

Les sujets ? Des toiles marines rappelant Boudin, Manet, comme La grève, Rivages, Embarcadère ou Mer du Nord, qui font la part belle au clair-obscur, presque resplendissant, qui résulte du mariage entre le gris, le blanc, le bleu.

«... C’est la nature qui imite l’art et non l’inverse. C’est Turner et – non Dieu – qui est l’inventeur du brouillard, c’est Cézanne, et non Eve qui nous tenta avec ses pommes. Prenons bien conscience de ce paradoxe, sinon à quoi servirait l’art ?Il n’est pas là pour imiter, reproduire ou parodier mais modifier notre regard »…

(Philippe Vasseur cite Oscar Wilde – Le déclin du mensonge, pamphlet)

Architecture urbaine, paysages, personnages rencontrés au gré des voyages, l’interprétation réaliste du peintre met en avant les couleurs du temps. Valeurs des teintes, le noir, le blanc, le jaune, l’orange, puis le rose (regardez de plus près l'encadrement de porte de Médina) qui arrive petit à petit suite aux séjours au Maroc.

Les toiles se font labyrinthiques, les enfilades de pièces, de rues (Le cheval de Meknès, Riad…), témoignent de la vie tour à tour secrète, trépidante, des abords de la Méditerranée.

Que dire des toiles sur Uzès, comme les Cavaliers, Passants... ? Ce sont les inspirations des moments passés dans le Gard où la lumière d’Occitanie transparaît sous les coups de pinceaux.

L'inspiration existe, mais elle doit vous trouvez en train de travailler (Picasso)

Si les toiles demandent un temps de maturation, ce temps est nécessaire pour finalement prendre conscience de leur pouvoir sur les gens, de l’expression qu’elles transmettent.

L’œil extérieur peut aussi être sollicité pour mieux connaître le tableau en question. Un ami sculpteur, écrivain, peut ainsi être mis à contribution pour évaluer le travail effectué, juger de sa pertinence, de sa qualité.

Les tableaux doivent trouver leurs acquéreurs, dans le sens où un collectionneur est de suite conquis par une toile plutôt qu’une autre. Un coup de cœur qui crée un lien unique.

Remerciements à Philippe Vasseur, pour sa collaboration à cet article et les visuels transmis.