Jules Larimore, auteur de la saga cévenole

Première partie de notre entretien avec la romancière américaine Jules Larimore

 

UK - Nous connaissions le célèbre Voyage dans les Cévennes avec un âne de l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson (1879), voici à présent la saga cévenole de la romancière californienne Jules Larimore.

 

Jules larimore at pont du gard©Jules Larimore

RENCONTRE

 

Bonjour Jules, et bienvenue dans la galerie de portraits du blog UzEssentiel.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour à tous ! Romancière connue sous mon nom de plume Jules Larimore, je suis la descendante de Cévenoles remontant à mon… huitième arrière-grand-père, Jean-Pierre Bondurant. Originaire de Génolhac, il a quitté la France en 1697, lors de la résurgence des persécutions cévenoles contre les protestants et s’est établi en Virginie, devenant par la sorte le père de la lignée Bondurant aux Etats-Unis.

Son histoire m’a fortement inspirée et m’a poussée à en savoir plus sur les Cévennes et d’écrire sur les Cévenols ayant vécu les temps troublés des persécutions huguenotes.

 

 

Comment avez-vous trouvé votre nom de plume ?

Au début, j’avais pensé utiliser mes initiales et mon nom. Finalement, j’ai changé mon fusil d’épaule en découvrant qu’un célèbre auteur de science-fiction des années 40/70 portait déjà ce patronyme et venait de la même ville.

Je pensais que cela serait un peu perturbant pour mes lecteurs. Alors j’ai décidé d’utiliser mon autre nom de famille, Larimore. Nous pensons qu’il est d’origine française, mais peu ou pas d’information historique avant l’époque des colonies américaines.

Porter le nom de Larimore est aussi, d’une certaine façon, un hommage à mon oncle, Jackson Larimore Snyder, qui a effectué un grand travail de recherche sur la généalogie de la famille. Mon prénom, quant à lui, est typiquement français. C’est ce que je voulais avant tout !

 

Depuis quand vous consacrez-vous à l’écriture et particulièrement à celle sur les Cévennes ? Y vivez-vous à l’année ?

Je suis écrivaine à temps complet depuis 2019. Les problèmes sanitaires que nous avons connus m’ont quelque peu forcée à quitter mon travail où je collaborais à une association à but non lucrative.

Désormais, je me consacre à l’écriture à un rythme qui me laisse amplement le temps de faire mes travaux de recherche pour mes romans historiques.

Jusqu’à présent, mes écrits sont tous reliés aux Cévennes et aux Cévenols. Je suis passionnée par cette région. Je suppose que ma connexion ancestrale avec ce département m’attire dans les Cévennes et, plus largement, en Occitanie. La chaleur de l’accueil des Cévenols n’est plus à présenter.

Pour répondre à votre question et bien que j’aimerais beaucoup résider à l’année dans le sud de la France, je n’y vis que quelques semaines par an, car j’habite le reste de l’année à  Ojai, en Californie.

Je reviendrai dans les Cévennes, mais aussi à Toulouse et Carcassonne dès septembre prochain, afin de participer et d’encadrer une visite avec une guide locale, Mariette Emilie. Je resterai ensuite un peu dans la région. Comme ce fut le cas en 2023 avec le groupe BritNîmes, j’espère pouvoir organiser des conférences chez quelques libraires dans le sud.

Je réfléchis à trouver le meilleur moyen de vivre une partie de l’année en Europe. Bien que la ville d’Uzès ait retenu toute mon attention, parmi toutes les autres destinations que j’ai visitées lors de mes précédents voyages, le fait que mon compagnon soit un fervent surfer et souhaite être proche de l’océan, je pense que je vais m’établir du côté de Biarritz ou de Bayonne.

Nous voyons que vous êtes particulièrement fan des romans historiques… Vos études en histoire du moyen-âge, de grec ancien, anthropologie, folklore ne sont sans doute pas totalement innocentes par rapport à votre passion… Vos cours de composition narrative et design architectural vous ont aussi motivé pour vous lancer dans votre carrière d’écrivain ?

Je suis passionnée d’histoire et adore découvrir les cultures du temps passé depuis toujours, ce qui a fait que, quand est venu le temps de choisir mes études, les thèmes étaient déjà évidents. L’histoire médiévale de l’Europe était mon cours favori, je l’avoue.

Mes études en design architectural m’ont également donné les bases nécessaires pour situer mes intrigues alors que le cours sur la narration a établi et surtout solidifier la structure de mes récits.

Cependant, une discussion avec mon professeur au sujet du « Oxford comma » l’a incité à me dissuader de persévérer dans l’écriture. Je n’ai repris mes études dans ce domaine que plusieurs années après, achevant le cursus par des Master Classes et de ateliers.

 

 

L'usage de la virgule d'Oxford est de l'ordre du style, certaines maisons d'édition la vantant alors que d'autres préfèrent l'éviter.

En d'autres termes, il est à la fois acceptable de l'utiliser, ou pas, mais il faut avant tout conserver un seul et même style dans son énoncé

(AP style, The Associated Press Stylebook, sur l'usage de la virgule d'Oxford, Grammarly.com)

 

 

Avez-vous une autre carrière professionnelle en parallèle de votre travail d’écrivain ?

Ma vie professionnelle a été plutôt mouvementée avant que je ne me consacre à l’écriture à temps plein. J’ai travaillé auparavant comme décoratrice d’intérieur et organisatrice dans l’événementiel d’associations à but non lucratif. Mais ce n’est pas tout ! J’ai passé de nombreuses années dans le marketing – en quelque sorte un aperçu pour la création littéraire, j’ai collaboré en freelance avec des magazines imprimés et pour des éditions en ligne, puis dans le secteur du voyage responsable.

Aujourd’hui, ma participation aux magazines se focalise entièrement à l’histoire.

 

Vous avez choisi d’aborder l’histoire avec un fort intérêt à la nature et à l’environnement… Pourquoi cela ? Quel a été le déclic pour cet intérêt tout particulier entre l’humain et la nature, un sujet très actuel au final ?

Enfant, j’a passé de nombreux étés dans une ferme familiale où les forêts et les rivières étaient ma cour de récréation. Mes amis ? Les animaux sauvages et les fées. En grandissant, la forêt est devenue mon sanctuaire spirituel où je trouvais une connexion avec le divin, que je ne retrouvais pas dans les églises ou les temples. J’y ai acquis un profond respect pour la nature et une réelle passion pour la protection de notre précieuse planète. C’est pour cela que j’ai décidé de transmettre cette valeur sacrée à mon personnage, Jehan, une fois que j’ai découvert les raisons pour lesquelles mon ancêtre, Jean-Pierre Bondurant, avait quitté les Cévennes.

 

Themuseoffreedom©Jules larismore

 

Vous décrivez votre écriture comme « des livres avec une dose de magie, un soupçon de mythes, de la romance, le tout lié intrinsèquement à des paysages captivants, des hameaux bucoliques, avec en toile de fond de majestueuses montagnes, des rivières impétueuses, des plaines vallonnées, des auberges rustiques, des châteaux, des gravures mystérieuses, et toujours cette symbologie propre aux Cévennes, entre menhirs et dolmens »...

Pouvez-vous nous expliquer votre méthode pour écrire ? Recherche, lecture, rencontres. Je suppose que vous avez également suivi de nombreuses visites guidées dans les Cévennes afin de vous imprégner de l’atmosphère de la région ?

Mes recherches pour The Muse of Freedom (La muse de la liberté) ont commencé il y a plus de 20 ans, peu de temps après avoir appris ma connexion avec Jean-Pierre Bondurant. La première chose que j’ai voulu faire a été de voyager à Génolhac. Il est important pour moi, afin de représenter au mieux le contexte et la culture, d’expérimenter à la première personne l’endroit, sa flore, sa faune, sa géologie et son architecture. J’avais besoin de m’imprégner de la voix de ce peuple qui vivait à l’époque de mon roman. C’était primordial pour moi, avant de commencer tout travail d’écriture.

Je suis revenue dans les Cévennes plusieurs fois ces dernières années. J’ai eu la chance de rencontrer l’actuel propriétaire de la maison de ville de la famille Bondurant, à Génolhac, qui m’a proposé de la visiter (j’y ai même dormi une nuit). Cela m’a permis de ressentir les mêmes sensations que mes personnages, de toucher les mêmes murs et de regarder par les mêmes fenêtres, de marcher sur ces sols pavés ou encore de me projeter dans le même jardin. Le propriétaire a de plus bien voulu partager avec moi quelques secrets au sujet de cette demeure et de son histoire.

Le Musée du Désert à Mialet m’a aussi accueilli à de multiples reprises. J’y ai beaucoup appris sur les outils, le mobilier, les vêtements, les armes et les objets relatifs à la religion de la fin du 17e s et du début du 18e. Fort heureusement, la France fait un travail impressionnant en ce qui concerne la sauvegarde digitale des archives, tout comme les archives départementales, une source indispensable et unique pour les travaux de recherche.

Une de mes meilleures sources a été Le lien des chercheurs Cévenols qui ont été créées par Jean-François Breton, le grand-père de l’actuel propriétaire de la maison familiale des Bondurant. Le co-éditeur de Madame Breton, Jean Pellet, a conduit d’importantes recherches sur les Bondurant et sur la maison et son travail est devenu la base des livres de Mary Bondurant Warren sur Jean-Pierre Bondurant.

Quelques autres sources digitales pour ce qui concerne l’école primaire et les documents scolaires proviennent des archives départementales, de Gallica, Gutenberg, Jstor et de différentes universités et autres sites de musées en ligne.

Comme les Cévennes font partie d’une réserve naturelle, j’ai pu trouver toutes les informations nécessaires sur la faune et la flore de tous les endroits traversés (et combien de microclimats) par mes héros sur le site internet du parc et de ceux des naturalistes qui fréquentent la région.

J’ai aussi lu de très nombreux livres ! Tant romancés qu’historiques et dont l’intrigue ou le sujet se déroule à la même époque et dans les mêmes lieux que The Muse of Freedom. Et j’ai trouvé dans le tome 1 que l’historienne Mary-Lucy Dumas consacre à Génolhac et à la Régordane, une source extraordinaire pour tout ce qui m’était nécessaire pour situer l’action de mon roman au 17e s.

 

Bon à savoir : The Muse of Freedom : le premier roman de la série des Cévenoles Sagas a été nº 1 Amazon Bestseller dans le domaine Renaissance Historical Fiction. Il a reçu le New Voices Award by Writers & Publishers Network, la Honorable Mention de l’Historical Fiction Company’s Book of the Year Awards et a été finaliste des Global Books Awards, Reader’s Favorite Five Star Award.

Vifs remerciements à @Jules Larimore pour sa collaboration à cet article.

Pour en savoir plus : juleslarimore.com

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