Une soirée musicale en compagnie des Concerts de l’Amitié
Le Trio Karenine est l’invité de marque de ce 2e concert de la 24e édition des Concerts de l’Amitié dans le cadre historique de la chapelle romane de Saint-Amant de Théziers.
Scène idéale pour cette série de concerts, la chapelle Saint-Amant de Théziers (12e s), entourée de pins et de vignes, est un bel exemple de roman languedocien, inscrit aux Monuments historiques depuis 1941.
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Tout juste arrivé de Tokyo, le trio de musiciens nous propose 3 œuvres pour une soirée musicale de haut vol : Tout d’abord Camille Saint-Saens et son trio n°2 en mi mineur, op 92, un classique pour les trio internationaux. Puis vient le compositeur contemporain Philippe Hersant pour un trio-variations surprenant et, pour finir, Franz Schubert avec son célèbre trio n°2 en mi bémol majeur, op 100, D 929.
Saint-Saens… Commence le piano, bientôt suivi du violon et du violoncelle. Les artistes se lancent dans une cabriole de notes. La mélodie s’égrène, l’on s’essaye à suivre la partition à distance (nous sommes assis juste derrière la pianiste)… Les archets se soulèvent, les doigts virevoltent sur les touches du piano. Nous sommes sous le charme.
Retrouvant la virtuosité mais aussi la fougue qui caractérise l’héroïne de Tolstoï qui donne son nom au Trio Karenine, nous nous laissons porter par l’enthousiasme des musiciens. Soudain, le rythme s’intensifie, les notes sont plus appuyées, les mélomanes d’un soir sont conquis.
A propos des Concerts de l'Amitié : « Les Concerts de l’Amitié" sont nés en 2001 à l’initiative du mécène suisse Norbert Schenkel. et accordant des bourses à de jeunes musiciens méritants, le mécène aujourd'hui disparu aimait par-dessus tout les arts. par le Dr Daniel Dartevelle, prend à coeur de conserver cet héritage au travers de concerts de musique de chambre dans le département du Gard».
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Les musiciens échangent des regards entendus, furtifs ou appuyés, échangent un accord tacite, secret. La communion est totale.
S’invite ensuite la composition de Philippe Hersant, créée en 1998. Ici, les notes tressautent, se balancent au rythme des accords, surprennent un auditoire parfois déconcerté, étonné. Ces variations rappellent quelques fois les incursions du compositeur vers la musique de films…
A propos du Trio Karenine : Aujourd’hui composé de Paloma Kouider au piano, Julien Dieudegard au violon et Louis Rodde au violoncelle, le Trio Karénine a été créé en 2009. « L’ensemble se produit désormais sur les scènes du Frick Collection de New York, du Concertgebouw d’Amsterdam, du Konzerthaus de Berlin ou de la Philharmonie de Paris, et des Salle Bourgie de Montréal ou Herkulessaal et Prinzregententheater à Münich ». Enseignant « la musique de chambre au Royal Northern College of Music de Manchester, les musiciens donnent également des masterclass dans de prestigieuses universités au Japon, au Canada, aux Etats-Unis et en Europe ».
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Le violon tout d’abord, le piano ensuite, comme une conversation entre notes et membres du trio. Les cordes… s’accordent, le piano répond. La partition de la pianiste, numérique, apporte sa propre touche à l’œuvre contemporaine. Une nouvelle ère semble s’amorcer dans cette musique.
La complicité est évidente entre les trois artistes qui entremêlent leur virtuosité au fil des notes. On s’essaie à suivre la cadence, à suivre les notes sur la partition. Un exercice complexe... Se laissant porter par l’élan, l’auditoire écoute les notes résonner, passionné. « Hersant est un compositeur à cheval entre deux siècles » nous précise-t-on, qui ne cesse de se réinventer entre orchestre symphonique, opéra, ballet.
Le violon se fait léger, délicat, presque invisible, alors que le violoncelle se lance dans une déclinaison de notes graves et que le piano s’accorde aux autres instruments. La musique est profondément moderne, n’en déplaise à certains, libre de tout héritage classique, ou pas, finalement… Le violoncelle et le violon semblent se fondre dans une lamentation. Le piano semble soudain en colère, comme c’est le cas aussi pour les cordes, un orage menace-t-il, tonitruant ? Puis la musique se fait, d’un coup, légère avant que l’orage ne revienne, sombre… Les notes sont comme suspendues et, finalement, c’est l’accalmie qui s’annonce comme une plainte, jusqu’à ce que le son s’estompe, les notes se taisent. Quelle belle performance !
Pour finir, voici Franz Schubert et son célèbre trio n°2 en mi bémol majeur, op 100, D929. Après un entracte de 20 minutes en compagnie des vignerons du Domaine de Pélaquié, membres du Syndicat des vignerons de Laudun, et la dégustation de leurs crus, nous revenons assister à la 3e et dernière partie du concert.
Nous retrouvons avec grand plaisir le compositeur autrichien (plus d’un millier d’œuvre durant sa trop courte carrière), passé maître dans le lied (chant) ce poème germanique accompagné par un piano ou un ensemble instrumental. Le Trio Karenine accorde ses instruments. Toute l’allégresse de Schubert se dévoile au fil de son trio n°2. Soubresauts, petites touches savamment distillées le long de la partition. Gaité et légéreté au programme de cette dernière partie de récital.
Les musiciens sont transportés, comme les personnes qui assistent au concert. La mélodie est tour à tour puissante ou douce, abrupte ou romantique. Les instruments, sous les doigts talentueux des musiciens, semblent se répondent en suivant les notes. Les doigts de la pianiste courent sur le clavier… Nous ressentons toute l’osmose qui unit le trio.
La fin du concert s’annonce, mais pas avant un petit plus, une interprétation de Gabriel Fauré, bienvenue pour clore la soirée. Bravo !
La bonne adresse : Les Concerts de l’Amitié, Chapelle Saint-Amant, Théziers, Trio Karenine. Pour toute information, contactez les Concerts de l'Amitié.