Jules Larimore, auteur de la saga cévenole (2ième partie)

2ième partie de notre entretien avec la romancière américaine Jules Larimore

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UK - Vous avez trouvé l'inspiration de votre premier roman, The Muse of Freedom (La muse de la liberté) dans votre histoire familiale. Quels autres éléments vous ont permis de " pimenter " votre intrigue ?

J'ai conçu mon roman en suivant la chronologie d'événements ayant ponctué la vie de Jean-Pierre Bondurant, de même que les nombreux jours.. et nuits sans sommeil qui ont permis à la muse de me guider.

Au fur et à mesure, la muse de Jehan a fait partie de l'histoire, jusqu'au titre. Les nouvelles romantiques plaisant davantage aux lecteurs, j'ai fait en sorte d'envisager une romance totalement fictive avec Jehan mais je ne savais pas, jusqu'à ce que je me lance, que l'amour de Jehan serait une femme à l'esprit libre, voire mystique ! Je voulais un personnage avec qui Jehan aurait des points communs et, sachant qu'il avait fait des études d'apothicaire, j'ai pensé que c'était un bon endroit où commencer.

Amelia est une femme libre, fidèle à aucune religion mais qui les embrasse toutes. Elle pousse Jehan à rechercher une voie spirituel plutôt que de suivre le chemin qu'on lui conseille. J'ai pu utiliser le personnage d'Amelia pour mettre en pratique certaines techniques de soin anciennes - venues des Grecs, des Gabales et d'autres - qui peuvent être considérées un peu magiques, voire ayant trait à la sorcellerie. A ma grande surprise, j'ai découvert dans mes recherches ultérieures que ces guérisseurs, rebouteux, étaient bien connus dans les gorges du Tarn et en Lozère, dans le passé (Le paysan lozérien : études locales (1899), du docteur Jules Barbot* (1876-1918)).

 

The cevenoles sagas©jules larimore

 

J'ai également écrit une scène qui se déroule dans la comnmanderie des Hospitaliers de Gap-Francès, en Gévaudan, sur le mont Lozère, aujourd'hui disparue, et où se déroulait chaque année une célébration du solstice d'été. Les choses y deviennent un peu plus piquantes entre Jehan et Amélia. Cette scène m'a été inspirée après la lecture un extrait du Bulletin de Lozère de 1864, sur le site des Hospitaliers de Saint-Jean :

 

 

Le culte druidique avait dû jeter de profondes racines dans le cœur des peuplades du Mont Lozère car, dans ces lieux solitaires, déserts, couverts, çà et là,

de vastes forêts, tout semblait favoriser cette religion mystérieuse, symbolique, aux dogmes austères et aux pratiques barbares.

D'ailleurs, les habitants du Lozère confinaient avec la population cévenole, au caractère léger et frivole,

qui de tout temps a été avide de plaisirs et de divertissements.

A l'Hôpital du Gap-Français, on célèbre encore le 25 juin, au solstice d'été,

une foire connue depuis des siècles sous le nom de foire de la danse et dont l'origine remonte, peut-être, à l'époque druidique.

M. André nous dit cependant dans sa Notice sur le Gap-Français, que cette foire doit son origine aux Commandeurs de l'Hôpital...

 

 

 

J'ai aussi ajouté un peu de piquant en ajoutant quelques théories des travaux académiques de Lionel Laborie à propos du fanatisme de certains réformés cévenols. Ses publications mettent en exergue l'ingestion de mousses épicées, d'ergot du seigle et d'une poudre blanche secrète (sans doute une forme d'opium provenant des coquelicots). Les personnes qui prenaient ce genre de produits souffraient plutôt de convulsions et d'hallucinations que d'inspiration divine.

 

 

Extrait de La muse de la liberté : L'héritage des secrets d'un apothicaire hugenot, l'inspiration d'un guérisseur mystique, une décision fatale.

Dans les mystérieuses montagnes des Cévennes, en France en 1695, Jehan Bondurant, un jeune noble retenu de force au sein d'un prieuré dominicain,

hérite devenu adulte d'un domaine en ruine et des dangereux secrets de sa famille huguenote.

Alors qu'il profite de sa récente liberté en devenant l'apprenti d'un apothicaire, son indignation monte face aux persécutions religieuses menées par Basville,

l'intendant du roi Louis XIV, qui est envoyé dans la région pour faire appliquer l'adage royal « Une foi, une loi, un roi », mis en pratique depuis 1661.

 

 

Votre ancêtre français, votre 8e arrière-grand-père Jean-Pierre Bondurant dit Cougoussac, était un huguenot français (Jehan Bondurant dans le roman). Ce passé très historique a dû vous motiver pour écrire ce livre ? Pensez-vous un jour écrire sur un autre thème ?

La fiction historique est mon premier amour et j'ai trouvé l'inspiration dans ma généalogie et même plus, dans une petite ville peu connue des Cévennes. Les thèmes abordés dans La muse de la liberté sont toujours pertinents aujourd'hui : la bigoterie, l'autoritarisme, les persécutions... La sortie du roman est donc totalement d'actualité. Elle me donne l'opportunité de mettre en avant les qualités que sont le courage, la ténacité et la vision.

Mais, dans ce qui deviendra une trilogie, les thèmes principaux sont l'amour, la compassion et la tolérance. Alors que la religion est difficile d'éluder quand on écrit sur l'époque qui précède les Lumières, j'espère déplacer l'intrigue vers les persécutions religieuses. Mes deux autres nouvelles, en cours, compléteront la trilogie huguenote. Une fois terminée la saga, je terminerai mon livre sur Sainte-Enimie et un autre sur un autre de mes ancêtres, Adelaïde Azalais de Toulouse, Dame de Burlats, Comtesse de Carcassonne, qui vivait plus au nord dans les Cévennes. Le Historical Times magazine a publié récemment un de mes articles sur Adelaïde, où je présente mon travail de recherche sur les personnes qui l'ont côtoyées afin de mieux la connaître : comme Constance de France, les comtes Raymond V de Toulouse et Raymond VI de Toulouse, les vicomtes Roger II Trencavel et Raimond Roger Trencavel, le roi Alfonso II d'Aragon, comte de Barcelone et le troubatour Arnaut de Mareuil).

Une autre idée de nouvelle me trotte dans la tête, sur comment devenir cévenol. Une compilation qui se présentera sous la forme d'un mémoire qui exploite le fait que de nombreux descendants de Jean-Pierre Bondurant sentent un lien réel avec les Cévennes.

Souhaiteriez-vous ajouter un détail, une anecdote ?

La traduction de The Muse of Freedom est en cours, en collaboration avec une cévenole fantastique que j'ai rencontrée dans un village au sud de Génolhac et avec mon partenaire critique, qui parle couramment français et s'occupera de la relecture. Nous espérons que cette version sera publiée l'année prochaine. En attendant, les lecteurs français peuvent retrouver mon livre en version ebook et enclencher la traduction en ligne.

Le deuxième livre consacré à l'histoire de Jehan Bondurant et Amélia, Find me in the stars (Retrouve-moi dans les étoiles) sort au printemps 2024. Il portera sur la période où Jehan est un réfugié à la recherche de son paradis alors qu'Amélia demeure sous la protection des Hospitaliers du Mont Lozère, veillant sur sa grand-mère, sage-femme. L'intrigue suivra Jehan au travers des cantons suisse et jusqu'à Rotterdam et Londres, où mon héros attend un navire pour partit s'installer au Nouveau Monde. Que devient alors sa muse, Amélia ? Les lecteurs devront attendre pour savoir la suite...

A savoir : * Le docteur Jules Barbot est auteur de nombreux livres dont Les légendes de Lozère, Pages inédites de l'histoire de Marvejols, Recherches sur les anciennes fortifications de la ville de Mende...

The Muse of Freedom : Une saga cévenole, est le premier opus de la saga. Nº 1 des ventes sur Amazon Bestseller dans la section Fiction historique Renaissance, Prix des nouveaux talents (New Voices Awards) des Writers & Publishers Network, finaliste des Global Book Awards, Prix des lecteurs Five Star Award sans compter la Mention honorable de la Historical Fiction Company's Book of the Year Awards.

 

Vifs remerciements à @juleslarimore pour sa collaboration à cet article.

Pour en savoir plus : Jules Larimore.

 

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